Pierre-André Hafner (CSBJ) : « Bourgoin, c’est le Barça ! »

L’intersaison du CSBJ est synonyme de changement profond dans son fonctionnement. Le capital du club a été ouvert aux supporters, qui deviennent « socios » à l’instar des clubs de football du FC Barcelone ou du Real Madrid. 26% des parts appartiendront à la Société par Actions Simplifiées (SAS), 36% aux 523 sociétaires-adhérents via l’association « So’CSBJ » qui ont injecté un peu plus de 120 000 euros et 40% à une holding de financiers qui apporte 380 000 euros, tous représentés à la hauteur de leur investissement au Conseil d’Administration. Parmi eux, le nouvel homme fort se nomme Pierre-André Hafner. L’ancien président du CASE à Saint-Etienne, entrepreneur spécialisé dans le prêt-à-garnier pâtissier, doit investir environ 800 000 euros dans un club qui ambitionne un budget d’un peu moins 6 millions d’euros. Son groupe sera le nouveau partenaire maillot Ciel et Grenat et c’est peut-être le début d’une nouvelle ère (de succès ?) pour le CSBJ ! Rencontre avec l’homme providentiel.
Pourquoi avoir décidé d’investir au CSBJ ?
« Mon rapprochement avec Bourgoin est principalement dû à des rapports humains. Je connais Martial Manier (ndlr, le président) depuis déjà quelques années puisque j’ai été président du club de Saint-Etienne. J’ai eu les mêmes désagréments qu’il a connus avec des rétrogradations. Et puis mon amour pour le rugby fait qu’un jour ou l’autre, je m’étais dit que je reviendrais dans un club. Il se trouve que les dirigeants m’ont tenu un discours qui me plaisait beaucoup sur leur vision du rugby professionnel mais également la formation des jeunes. Le rugby et le sport sont très socialisants pour notre jeunesse et que la balle soit ronde, ovale, petite ou grosse, j’ai toujours préféré voir nos jeunes taper dans un ballon que de tagger les espaces verts, les murs de la cité ou fumer des pétards. C’est un de mes gros leitmotivs. Par ailleurs, il y a l’aspect de la typologie du club qui me plait beaucoup sur le fonctionnement avec les « socios ». Il est vrai que rentrer dans un club qui est atypique comme ça dans le rugby de ce jour me plait bien, que les supporters soient propriétaires de leur club est assez séduisant. Par ailleurs, je vais appuyer la communication de notre entreprise sur le CSBJ puisque ne serons partenaires maillots. Le leitmotiv de notre entreprise est de faire toujours mieux. »
On parle, à terme, de 800 000 euros d’investissement ?
« Le chiffre n’est pas définitif. Il faut que j’axe la politique de communication du groupe de façon très pointue puisque nous ne fabriquons pas forcément des produits grand public. Ce n’est pas forcément en faisant des annonces que l’on vendra plus de produits. Il s’agit surtout d’appuyer l’image de notre entreprise sur l’image du club de rugby de Bourgoin qui colle vraiment avec nos attentes. »
C’est donc pour cela que vous avez choisi le CSBJ…
« Voilà, principalement pour les hommes ! Quand les hommes s’entendent, on monte les marches plus vite. Il y a un groupe de dirigeants, restreint, qui va être au nombre de quatre. Les décisions seront prises en petit comité. On règle les problèmes comme dans une entreprise. Le club de Bourgoin sera une entreprise. C’est un virage dans l’histoire du club qui est déjà bien garnie et bien chargée. »
Vous allez faire partie de l’équipe dirigeante ?
« Tout a fait. Je serai en charge de la section professionnelle car c’est ce qui me fait avancer. J’aime le terrain, j’aime les joueurs, je suis toujours à leurs côtés. J’aime les vestiaires. Je serai aussi chargé des rapports avec les institutionnels. A ce titre je représentai le CSBJ à la finale du Top 14. »
Vous allez investir sur la durée ?
« C’est pas un « shot » ! Investir dans la durée et pas seulement financièrement. J’ai déjà beaucoup déjà défiscalisé avec mon club précédent et l’objectif n’est pas de recommencer. On a des objectifs ambitieux et mesurés. Il faut certes de l’argent mais je ne suis pas le seul partenaire du club, il y en a beaucoup d’autres et on a besoin d’eux. Nous allons tenter d’atteindre notre objectif avec le plus petit budget de la Pro D2. Il faut maintenant installer Bourgoin de manière pérenne. »
Revenons sur les objectifs précis du club…
« Quand on est président de club, l’objectif c’est d’être premier sinon ce n’est pas intéressant. Mais on reste modestes. S’il y a des portes qui s’ouvrent, on verra si on les pousse. Le tissu économique de la Berjallie est très dense, toutefois, de là à ramener le club en Top 14… Sans un budget de 12 à 15 millions d’euros c’est impossible ! La stratégie est de ne pas avoir des mercenaires. Déjà 80% des joueurs sortent de l’école de rugby et on ne changera pas de stratégie. C’est ça qui fait éclore les talents comme Nallet, Chabal ou Parra… On apprend ici à des jeunes à jouer au rugby et on leur apprend la vie. C’est un encadrement qui me plait bien. »
Le CSBJ a quand même vocation à retrouver l’élite ?
« Ce n’est pas la priorité. La priorité c’est de garder cette philosophie de former des jeunes au rugby et à l’école de la vie. Il est vrai que si d’aventure on arrivait dans les phases finales et même plus haut, il faudrait réfléchir vraiment à savoir si on pousse cette porte ou pas. Vous avez des clubs qui les ont poussé, à Saint-Etienne je l’ai poussé, on est montés en Pro D2 et on est redescendus l’année d’après. Si une opportunité se présente, comme un chef d’entreprise, il faut voir si on a les moyens de pousser la porte et de saisir cette opportunité. Si par chance cela arrive dans les trois ans, on se poserait la question : est-ce que ça peut-être pérenne ou pas ? Ce n’est pas la peine de faire des déçus. Les ambitions sont raisonnées et modestes, après on fera l’histoire ou pas…«